C'est une controverse dont le gouvernement se serait volontiers passé car elle brouille sensiblement son message autour de la réforme du reste à charge zéro.
Annoncée en grande pompe au congrès de la Mutualité, concrétisée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019 examiné cette semaine à l'Assemblée nationale, cette réforme (dite 100 % santé) censée garantir un remboursement intégral pour les soins dentaires, l'optique et les aides auditives d'ici à 2021 est aujourd'hui accusée de conduire tout droit à une flambée du coût des complémentaires santé…
Impact différent selon les contrats
Lundi, « le Parisien » a publié une étude choc du cabinet de conseil en assurance santé Santiane, que « le Quotidien » s'est procurée. Selon les projections fondées sur un échantillon de 100 000 adhérents, la réforme du reste à charge zéro aboutirait à une augmentation moyenne de 9,5 % des cotisations pour les plus de 60 ans (retraités seuls ou couples de retraités) ! La hausse serait limitée à 2,5 % pour les moins de 60 ans (étudiants, jeunes actifs, familles). « Les organismes assureurs ne pourront pas absorber cette augmentation, indique le courtier. Mécaniquement, ces coûts seront impactés sur leurs clients. »
Déjà redoutée par les patients, la perspective d'un renchérissement des coûts est partagée par le cabinet Mercer qui estime de son côté à 4,8 % la hausse mécanique des cotisations pour les contrats « entrée de gamme » – la réforme 100 % Santé ayant en revanche un impact limité sur les contrats « haut de gamme ».
Véran : étude « bidon », réforme « géniale »
Dès mardi, la polémique a pris un tour politique lors de la discussion générale sur le budget de la Sécurité sociale.
Le député Boris Vallaud (PS, landes) a accusé le gouvernement de tenir un discours mensonger. « La prise en charge à 100 % des lunettes, des audioprothèses et du dentaire est un bel objectif, une belle annonce, une nécessité. Mais pour que les mots aient un sens il aurait fallu une prise en charge à 100 % par la Sécurité Sociale et non après intervention des complémentaires. Ce sont les plus modestes qui vont payer (…) avec des tarifs des complémentaires qui s’annoncent à la hausse. Madame la ministre, selon qu’ils croient encore ou non aux paroles du gouvernement, les Français auront le droit entre des mots falsifiés ou des mots pour rien. »
La réplique d'Agnès Buzyn a été immédiate. « Beaucoup d’entre vous m’ont interpellé sur le 100 % santé rebondissant sur un article récemment paru dans la presse. D’après les informations que j’ai sur cet article, il provient d’une officine privée de courtage en assurance. C’est intéressant de voir qui va bénéficier de cette alerte sur le prix des complémentaires santé si ce n’est… les courtiers en assurance. J’aurais souhaité que certains fassent ce travail d’analyse. Ça n’est pas anodin non plus que cet article sorte le jour de la présentation du PLFSS. »
sources: https://www.lequotidiendumedecin.fr/