Crédit immobilier : la fête est finie

Les emprunteurs ne vont peut-être pas ressentir tout de suite les effet de la remontée des taux. Reste que 12 banques ont déjà réajusté leur barème en juin.

A ce jour, une douzaine de banques ont augmenté leurs taux de crédit immobilier depuis la mi-mai, affirme le courtier en crédit Vousfinancer.com. Il n’en fallait pas plus pour que ce spécialiste interprète ces premières hausses comme la probable fin de la baisse des taux enclenchée début 2012 et qui se poursuivait encore il y a quelques semaines. Toutefois, il souligne que le mouvement est loin d’être généralisé. Les emprunteurs ou futurs emprunteurs n’ont pas besoin de s’affoler : la remontée devrait être lente et progressive. Selon ce courtier, les banques ont en effet la volonté de ne pas casser la reprise de la demande constatée depuis le début de l’année 2015. En outre, la possibilité pour certains emprunteurs d’obtenir des réductions de taux sur les taux affichés atténue les effets des hausses annoncées.

Une hausse de 0,05 à 0,30 points

A combien s’élèvent les hausses constatées par Vousfinancer.com ? Elles sont encore modestes : de 0,05 à 0,30 point selon les établissements qui ont opté pour un ajustement de leur grille à une conjoncture moins favorable. La majorité des banques a toutefois choisi le statu quo. Seule une banque a baissé ses taux (de 0,20 % sauf pour les prêts sur 25 ans) . « Pour le mois de juin, nous avons reçu moins de barèmes que d’habitude et plus tardivement. Cela témoigne d’un certain attentisme dans les banques qui semblent ne pas vouloir remonter leurs taux toutes en même temps, à la fois pour rester bien positionnées par rapport à la concurrence, mais également pour ne pas casser la dynamique de marché constatée depuis le début de l’année. Pour autant, le mouvement de hausse semble enclenché : s’il ne concerne encore qu’un petit nombre de banques, certaines ont d’ores et déjà annoncé qu’elles augmenteraient leurs taux dans les prochaines semaines », analyse Sandrine Allonier, responsable des relations banques de Vousfinancer.com.

Effectivement, ce n’est qu’un début. Compte tenu de l’évolution des taux d’emprunt d’Etat, le mouvement de hausse des taux pourrait se poursuivre : le 4 juin, le taux de l’OAT 10 ans a atteint un nouveau plus haut depuis octobre 2014 à 1,24 %, soit une hausse de 1 point depuis son plus bas niveau historique mi-avril. « S’il n’y a pas de lien direct entre taux d’emprunt d’Etat et taux de crédit immobilier, pour les banques l’OAT 10 ans est une référence leur permettant de déterminer le niveau des taux de crédit, avec une marge d’ajustement plus ou moins importante selon leur politique commerciale », explique Jérôme Robin, président fondateur de Vousfinancer.com.

Quel impact pour les emprunteurs ?

« Ces hausses affichées qui ne concernent encore que peu d’établissements, pourraient être compensées dans les faits par les décotes que les banques accordent pour capter les bons dossiers. Ainsi, les augmentations ne devraient impacter pour l’instant que faiblement les emprunteurs, et ce, tant que le mouvement ne se généralise pas », complète Jérôme Robin. Un discours rassurant, mais la capacité d’emprunt des ménages est très dépendante des conditions de crédit. Vousfinancer.com a calculé précisément les effets d’une hausse des taux sur 20 ans de 0,10 % et de 0,50 %. La capacité d’emprunt pour un remboursement de 1.000 euros par mois passerait de 192.229 euros actuellement (juin 2015) à 190.460 euros pour une hausse de 0,10 % et seulement 183.608 pour une hausse de 0,50 %.

Autre façon de mesurer cet impact : quelle mensualité pour un crédit de 200.000 euros ? Aux conditions actuelles, elle s’élève à 1.040 euros. Avec une hausse de 0,10 % elle progresserait très légèrement à 1.050 euros et grimperait à 1.089 euros pour une hausse de 0,50 %.

Les acquéreurs ont donc tout intérêt à ne pas différer leur décision. Les acheteurs d'immobilier neuf et notamment les investisseurs se sont réveillés. L’embellie semble aussi se dessiner sur l’immobilier ancien. Demain, les conditions d’emprunt pourraient être moins favorables.

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