Aujourd’hui, les actes d’incivilité et de violence à l’encontre des professionnels de santé se multiplient. Les chiffres connus, souvent sous-évalués, sont en augmentation et il faut adopter de bons réflexes pour prévenir et gérer des situations toujours déstabilisantes.
Des incidents plus fréquents depuis plusieurs années
Le rapport de l’Observatoire de la sécurité des médecins pour 2016 fait apparaître le nombre de déclarations d’incidents le plus élevé depuis la création de l’Observatoire en 2003 (Dr Hervé Boissin, « Les violences faites aux médecins », Responsabilité, Juin 2017). Cette hausse des violences constatée depuis plusieurs années ne concerne pas que les médecins, notamment libéraux, mais aussi les soignants hospitaliers et toutes les professions de santé amenées à être consultées ou visitées (infirmières, masseurs-kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes…). Comme l’a rappelé un cadre de santé dans un récent article, « la blouse blanche et le stéthoscope ne sont pas des armures contre la violence » (A.Frésard, Revue Droit et Santé, Juillet 2017).
Dans ce contexte de tensions accrues, l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) a publié un guide pratique pour la sécurité des professionnels de santé, en étroite coopération avec le ministère de l’intérieur et les sept ordres des professions de santé concernées. Pour les auteurs de ce guide, « tout doit être mis en œuvre pour que les professionnels de santé puissent travailler dans un climat de sérénité et donc en toute sécurité ». Cela passe notamment par le respect de mesures de bon sens qui doivent aussi être adaptées à la pratique de chacun.
La sécurité au cabinet
L’Ordre national des médecins (« Prévenir et gérer les conflits », CNOM, Novembre 2016) a identifié cinq causes potentielles de conflits dans la relation entre le médecin et son patient, qui sont parfaitement transposables à d’autres professionnels de santé. En premier lieu, le retard dans la consultation ou le rendez-vous mais aussi le refus de délivrer une prescription, un certificat… Viennent ensuite l’incompréhension ou la mauvaise explication d’une information donnée par un praticien ou encore le reproche quant à l’acte médical ou technique ou la consultation et bien évidemment la faute avérée ou non (erreur, aléa, événement indésirable…). Cette liste n’est pas exhaustive mais peut exacerber le comportement de certains patients mais aussi de leur entourage, allant à des actes d’incivisme, des insultes et parfois des agressions physiques. Certains de ces incidents, parfois dramatiques, sont relayés dans la presse professionnelle mais aussi nationale et peuvent avoir une incidence significative sur la désertification médicale dans certaines zones à risques. Dans ces secteurs, les violences lors de visites à domicile sont plus fréquentes avec le risque pour la population de voir les médecins ou les infirmières refuser de se déplacer pour ne pas subir, comme d’autres de leurs confrères, des agressions (agression physique, braquage, vol ou détérioration du véhicule…).
Comme le rappelle le guide pratique pour la sécurité des professionnels de santé, la sécurité lors d’un déplacement suppose de renforcer la protection de son véhicule (blocage des portes, vitres fermées, antivol de direction bloqué, absence de papiers ou de matériel en évidence…) mais aussi sa sécurité personnelle : répartir ses papiers, son argent, ses clés dans différentes poches, stationner au plus près de l’adresse du patient, demander suffisamment de détails sur le motif de la visite, informer ses proches de la liste et des coordonnées des personnes visitées... Un système d’alerte via un smartphone permettant de déclencher un message prévenant le centre 15 et de géolocaliser les praticiens en difficulté pourrait être prochainement généralisé.
sources: https://www.macsf-exerciceprofessionnel.fr/