La baisse des taux des crédits immobiliers est terminée

Pour la première fois depuis de longs mois, quelques banques ont décidé de relever leurs taux de crédit immobilier. Si la plupart des établissements bancaires devraient leur emboiter le pas, les hausses devraient rester mesurées d'ici la fin de l'année.

Simple nuage à l’horizon ou avis de tempête dans le monde des crédits immobiliers ? Alors que la courbe des taux d’intérêt est orientée à la baisse depuis 18 mois sans discontinuité, certaines banques ont décidé de relever le curseur à compter du mois de juin.

"C’est un événement", assure Ludovic Huzieux, directeur associé d’Artémis Courtage, pour qui cette première tension sur les taux "siffle la fin de la récréation". Preuve à l’appui, il évoque une hausse de 0,10% des taux chez LCL, un rattrapage pour cette banque offensive dans le marché du crédit immobilier, mais imité par la Caisse d’Epargne d’Ile de France alors que Société générale vient de relever ses grilles de 0,20% et la Banque Tarneaud de 0,25%. Et ce n’est peut-être qu’un début car d’autres comités de taux se tiennent dans les prochains jours.

> La baisse des taux immobiliers est terminée

Si les banques relèvent ainsi leurs tarifs, c’est qu’elles disposent, elles mêmes, de conditions un peu moins avantageuses pour emprunter : celles-ci fixent en effet leurs grilles en fonction des taux d’emprunts d’Etat. Or, en mai dernier, des tensions sont apparues sur le marché obligataire (en raison des tensions sur le dossier grec) et les taux français ont doublé en quelques jours pour s’approcher du niveau de 1%. Une tension qui se renforçait encore début juin (le taux de référence a touché 1,20% le 4 juin).

> Une phase de stabilisation s’ouvre

Faut-il pour autant s’attendre à une flambée des taux des crédits dans les prochains mois ? D’avis des professionnels interrogés, la remontée des taux d’intérêt devrait rester mesurée. "Tant que l’inflation reste inférieure à 2% et que le chômage demeure élevé, les ressources seront bon marché", estime Ludovic Huzieux qui n’attend pas de fortes tensions sur les taux dans les prochains mois. Un sentiment partagé par Sandrine Allonier, responsable des relations banques chez le courtier spécialisé Vousfinancer.com, qui table au mieux sur une progression de 0,30% des taux d’ici à septembre à 2,60% pour un crédit sur 20 ans. Un taux qui resterait encore très accessible. "En janvier 2012, le taux d’emprunt moyen sur 20 ans était de 4,30%", rappelle-t-elle.

> Une remontée des taux graduelle en perspective

D’autres signes plaident en faveur d’une hausse contenue. Si les tensions actuelles sur le marché obligataire en Europe et les rumeurs de hausse des taux aux Etats-Unis demeurent préoccupantes, la décision de la Banque centrale européenne de racheter 60 milliards d’euros d’actifs tous les mois constitue un frein puissant à toute hausse brutale des taux.

En outre, les comptes des banques s’améliorent depuis le début de l’année avec le développement du marché du crédit. Vousfinancer.com annonce d’ailleurs avoir doublé le nombre de ses dossiers de crédits par rapport à la même période de l’an dernier. Elles n’ont donc aucun intérêt à remonter trop vite leur taux et à prendre le risque de casser la dynamique de leur marché alors qu’elles dégagent à nouveau de confortables marges commerciales sur les crédits immobiliers.

Johan Deschamps 

http://www.capital.fr

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